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Histoire et Patrimoine

Un passé vivant

De mémoire vive, Puyoô se raconte par la Gare, les usines Schneider et Saint-Frères, par tout un passé industriel qui rejoint la grande histoire de la révolution industrielle et des chemins de fer. Il suffit de passer le pont au-dessus du Gave de Pau pour voir se hisser les maisons colorées de la Cité Rigoulet et d’emprunter le petit virage en épingle pour découvrir leurs cousines, celles de la Cité Armentiou, toutes deux construites en 1920, selon l’architecture typique des cités ouvrières du nord.

Ce passé est récent puisque les usines des frères Saint, installées en 1917 sur le site de Puyoô en raison de la proximité du rail ont fermé en 1958 ; elles comptaient 300 ouvriers, Puyolais, Flixecourtois et Espagnols fuyant la guerre. L’entreprise Schneider, constituée fin XIXe siècle, arrête quant à elle son activité en 1985. Passé récent mais encore vif.

Un film documentaire réalisé en 2014 par Yves Pétriat dévoile, notamment à travers des témoignages vivants, toute la vie ouvrière dont le village a conservé une part de mémoire.

Voir le film ici : Puyoô, l’époque Saint-Frères 

C’est aussi par cette histoire que s’est tissé le lien avec la commune de Flixecourt, avec laquelle Puyoô est jumelé depuis 2011. A Flixecourt comme à Puyoô, les usines de tissage Saint-Frères, première entreprise de tissage du jute en France et notamment, pour Puyoô, d’espadrilles, s’inscrivent tout comme leurs voisins des brasseries Schneider, dans le mouvement du « paternalisme industriel » qui se développe dans les années 1830-1840.

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Encore active, la Gare de Puyoô, dont la ligne Bayonne-Toulouse qui serpente contre le Gave, est parfois bordée par l’A64, constitue, avec la sortie 7 de l’autoroute, et la RD 817 (anciennement RN 117), un nœud de communication, faisant de Puyoô un point central au sein de la vie économique et sociale de la région.

Créée en 1862, la Gare s’est construite pour les lignes de la Compagnie des chemins de fer du Midi des frères Péreire, créée en 1852, qui s’est vue octroyer, outre la concession originelle de la ligne Bordeaux-Sète, celle de Bordeaux-Bayonne passant par Puyoô, dès 1863 (électrifiée en 1925). D’abord rudimentaire et surtout destinée aux marchandises, la gare finira par s’ouvrir plus largement aux voyageurs, suivant en cela le développement du tourisme et notamment du thermalisme, comme en témoigne la création en 1884 de la ligne Puyoô-Salies-Sauveterre-Saint-Palais et la construction de la halle des voyageurs en 1920. La ligne, depuis 1945, est gérée par la SNCF.

Ce passé vivant s’ancre dans un passé plus lointain.

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Qui se promène sur les coteaux de Puyoô marche sur les pas d’ancêtres des temps immémoriaux. S’élevant au-dessus du Gave, ces hauteurs furent des lieux privilégiés de surveillance face aux invasions qui pouvaient notamment se faire par le Gave et ce n’est pas un hasard si l’on trouve à Puyoô des vestiges tels des oppidum, des castera et des mottes, comme les restes aquitano-romains de la Tare de las Mourellas.

C’est sans doute de cette géographie et de cette histoire que le village tient son nom. « Puyoô », provenant du mot puèii, « puy » signifiant hauteur (podeum en latin) et qui donna pujòu en gascon, la « petite hauteur », le « tertre ».  Un document de 1125 évoque Puyoô sous le nom de « Pujol », portant la même signification.

Les vestiges de Puyoô sont enfouis mais de leur existence, tantôt légendaire, tantôt avérée, il en reste quelques marques, comme la présence de vieilles murailles sur le territoire de la commune attestant de la conquête romaine et indiquant la formation d’une enceinte polygonale dont le revêtement grossier, formé de galets et de cailloux, est pris dans un mortier comparable à des vestiges Gallo-Romains. Comme le souligne Jean-Claude Rivière, les anciens du pays appelaient cette construction « Lou Tare De Las Mourelles » (le terrier des mûres). La légende évoque également la présence d’un souterrain : « Lo camin de las hadas » (le chemin des fées), long de 29 kilomètres, partant de la commune et rejoignant Dax. D’autres vestiges encore ont pu être découverts comme un camp formant un cratère entouré d’un chemin de ronde, mais celui-ci fut détruit en 1964 pour laisser place à l’exploitation d’une gravière. A sa démolition, la découverte d’une bombarde dévoile l’existence d’un fort en forme de cratère, sur la droite du chemin du gave.

Et les temps féodaux, que disent-ils ? Puyoô serait-il béarnais sans les vicomtes de Béarn ? En 1193, Gaston VI Le Bon (1173-1214) conquit la région et Puyoô, auparavant sous la domination du vicomte de Tartas. Bien déterminé à renforcer la frontière occidentale de son vicomté, Gaston VII (1229-1290) fortifia la marque qui passait par la Motte de Puyoô et fut à l’origine du château de Bellocq. Puyoô demeurera dans le territoire des vicomtes de Béarn : les Moncade (1173-1290), les Foix-Béarn (1290-1472), dont Gaston Fébus (1343-1391), avant que leur succèdent les Rois de Navarre (1472-1572) et de rallier le Royaume de France et de Navarre avec Henri IV, à partir de 1572. Le patrimoine médiéval de Puyoô s’exprime encore dans la pierre, avec la chapelle du XIIIe siècle jouxtant un château rebâti sur les restes de l’abbaye, le Château des Dames de Lescar, propriété actuelle de la famille Corsi.

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Pour ne pas oublier son caractère de lieu de passage, Puyoô est également connu des pèlerins de Saint-Jacques qui venaient faire halte dans l’ancien relais de poste, aujourd’hui la « Maison des associations » qui conserve ces traces du passé avec le verrou en forme de coquille vissé sur la porte d’entrée principale.

Une petite histoire de clocher

Qui n’a pas remarqué, en longeant la RD 817 traversant Puyoô vers le Foyer Municipal, cette église aux allures modernes ? L’église Saint-Jean-Baptiste, inaugurée le 5 janvier 1958, a une histoire bien particulière puisqu’elle a été en grande partie, le fait des Puyolais. Depuis l’origine et jusqu’en 1957, l’église de Puyoô était l’église de l’abbaye, la chapelle du château de Lescar.

Dès fin 1950, le Maire, M. Labau, attirait ainsi l’attention du Conseil municipal sur l’état de vétusté de l’ancienne église qui avait été le cœur du culte à Puyoô. Le projet de construction d’une nouvelle église est lancée et c’est l’abbé Albert Guichn, curé de Puyoô de 1896 à 1944, qui décida de le céder gratuitement à la commune un terrain dont il était le propriétaire, à la condition expresse qu’il serve à la construction de l’église. La construction était budgétée mais 1.500.000 de francs anciens manquait dans l’escarcelle. Ce sont les Fidèles qui, à force de grandes kermesses organisées par le Comité paroissial en la « Villa des Tilleuls », qui réunirent a somme restante. La première pierre est posée le 10 avril 1955 par le chanoine Soubelet, alors doyen de Salies.

C’est ainsi qu’est née l’église Saint-Jean-Baptiste, avec ses murs en pierre grise de Bidache, bâtis par le Salisien Pécaut, sa charpente montée par Paul Dartiguepeyrou et ses trois cloches, fondues à partir de la cloche de l’ancienne église et façonnées en 1887 par Delestan, à Dax.